Le point sur les SEGPA

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Le point sur les SEGPA par Dominique Henrot

Cette question est venue en débat, tant dans le 06 que dans le 83, avec des désaccords entre les différents syndicats de la FSU sur les positions à tenir face aux propositions de l'administration.
Le SNES du 83 ayant obtenu de l'IA la tenue d'un groupe de travail à ce sujet, il est nécessaire d'affiner notre réflexion.
La baisse de l'horaire des instituteurs et PE des SEGPA va être compensée pour l'essentiel par des HS qui vont venir augmenter le volant de ces heures que font déjà les enseignants des collèges concernés, puisque statutairement les instits et PE ne peuvent faire d'HS.
On peut s'attendre à ce que dans ce contexte certains enseignements vont de fait subir un transfert en direction des enseignants de collège. Cela sera particulièrement sensible en anglais, EPS, technologie, arts plastiques et éducation musicale, puisque souvent dans ces disciplines le processus est déjà engagé dans le cadre d'échanges de services et que ces disciplines sont sous-enseignées dans les SEGPA à l'heure actuelle.

Attention de ne pas tomber dans le piège d'une pseudo-compassion que nous jouent certains. En effet, au nom d'une prétendue égalité républicaine les IA font le forcing en CTPD pour créer des postes définitifs avec complément de service en SEGPA qu'ils souhaitent étiqueter PEP2. Cette position a été confirmée au CTPA et soutenue assez fermement par le Secrétaire Général. Nous avons plaidé sans pouvoir faire reculer le Recteur qui ne voulait pas désavouer son SG bien que en aparté la DPE soit de notre avis ( plusieurs postes et ce malgré notre opposition ont ainsi été étiquetés cette année). Il me semble que le SNUIPP est aussi sur cette position (et il faut peut-être s'interroger sur les motivations d'une telle attitude).
Une telle initiative a plusieurs conséquences :
·Entorse aux règles fixées par l'administration elle-même puisque ce type de poste ne figure nulle part dans la nomenclature des PEP 2.
· Isolement du SNES qui, lui, refuse de faire entorse au statut des certifiés (différent du notre ) qui ne prévoit pas la possibilité d'intervention en SEGPA
· Transfert des insuffisances de l'administration qui récupère des moyens sur le second degré pour faire face à l' abaissement horaire acquis de longue lutte par les personnels du premier degré sans que la compensation n'ait été imaginée (peut-être est-ce là la raison de la position du SNUIPP).
· Intégration accrue des SEGPA au collège avec le risque à terme de les voir disparaître et avec elles toutes leurs spécificités (faibles effectifs, crédits spécifiques, heures de synthèse, formation spécialisée etc..) ce qui serait une dégradation du service public d'enseignement spécialisé sans précédent. Les graves difficultés dans lesquelles se trouvent les établissement d'accueil pour les handicapés et l'indigence de l'assistance des services de la DASS pour les UPI doivent nous alerter sur la volonté des pouvoirs publics d'agir sur ces questions.
· Rupture du partage à l'amiable des quelques heures de SEGPA à faire lorsqu'il y a un excédent horaire et qui est la réalité dans la plupart des établissements concernés. Si le poste à cheval est étiqueté on peut s'attendre à des situations conflictuelles entre collègues. Nous pouvons déjà faire état de telles situations sur des postes provisoires à cheval avec SEGPA et sur des nominations définitives sur des lycées qui ont une SEP. Dans un cas les autres collègues refusant de partager les classes de SEGPA ; dans l'autre le collègue nommé sur lycée refusant de prendre des classes de BEP de la SEP.
· Création de problèmes à plus ou moins long terme sur les questions de mesures de carte scolaire quand il s'agira de déterminer quel poste doit être fermé : un poste complet sur le collège ou le poste à cheval . Bonjour l'ambiance ! les CTPD des années antérieures ont montré quelques cas pittoresques quand il s'est agit de choisir entre un poste PEGC et un poste certifié.
Si ajouter des heures de SEGPA peut permettre de créer des postes (encore que la plupart des propositions qui nous sont faites entérinent des situations amiables anciennes sans augmenter le potentiel de l'établissement), il me semble que cela crée plus de problèmes que cela n'en résout . De plus cette expérience a déjà été tentée dans le 06 par le passé par deux fois, les postes n'ont pas été pourvus au mouvement et ont été supprimés par l'administration l'année suivante. Il est vrai que la difficulté du mouvement dans le 83 engage l'administration de manière plus optimiste (cf.le barème dans les ZEP et ZS dans ce département depuis plusieurs années ).

Notre statut fait que nous pouvons être nommés (à notre demande pour le moment) et contrairement aux certifiés des autres disciplines, dans tout type d'établissement (il existe même des postes en EREA et en établissement public de cure). Il est donc tout naturel que nous nous interrogions sur le devenir de l'enseignement de l'EPS en SEGPA au même titre que nous nous intéressons à ce qui se passe dans le premier degré. Pour mémoire il y a quelques années une dotation particulière de 30 heures postes a été faite pour chacun des deux départements.
Deux orientations sont envisageables :
1. maintient du statu quo, en courant le risque de voir se passer sous nos yeux ce qui se passe déjà dans le primaire avec les intervenants extérieurs et les CEL ; bien que cette population présente moins d'intérêts car plus difficile à gérer et moins fortunée ( mais l'intégration du secteur de la jeunesse au MEN doit nous inciter à être vigilants).
2. proposer des créations de postes définitifs qui pourraient être de deux natures différentes
· dans le cas d'une petite SEGPA ce serait un poste de PE à dominante qui effectuerait ainsi une partie de son service en EPS
· dans le cas d'une SEGPA plus importante ce serait un poste de professeur d'EPS qui pourrait être effectivement un PEP 2 et pour lequel il faudrait obtenir
i. un alignement horaire avec les autres personnels de la SEGPA
ii. l'UNSS dans le service
iii. un stage de formation à l'enseignement spécialisé (certains collègues le sont déjà dans le cadre de leur formation initiale)
iv. les avantages des autres collègues de SEGPA : synthèse , etc..
à ces conditions et ces garanties, ces postes, étiquetés alors PEP2, pourraient devenir attrayants pour des collègues.

Pour résumer je pense qu'il faut être prudents ; les " innovations " proposées par l'administration et soutenues par des organisations, même amies, et dont ce n'est pas vraiment le champ d'intervention doivent être examinée avec circonspection et avec le recul nécessaire pour en mesurer tous les effets à moyens et long terme.