Enseignants d'EPS : pour une diminution
des services
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Le métier d'enseignant d'EPS présente des caractéristiques communes à tous les métiers d'enseignants, il présente également un certain nombre de spécificités.
Des réalités
méconnues
- Un cours d'EPS, une séance d'association sportive, cela se prépare
; parce que le professeur d'EPS est en constante implication dans des travaux
pratiques permanents avec les élèves, il se doit d'anticiper sur
ses objectifs, les situations proposées, les risques éventuels
encourus par les élèves, de prévoir les possibilités
de réponse élèves et les remédiations nécessaires.
C'est là un travail long et complexe.
- Si l'enseignant d'EPS n'a pas de copie à corriger, l'évolution
du métier, les exigences de l'institution multiplient les procédures
d'évaluation. Les enseignants d'EPS mettent en place constamment des
évaluations formatives, les traitent, en rendent compte aux élèves.
Comme tous les enseignants ils procèdent à des évaluations
sommatives. Leurs outils sont souvent complexes (grilles, fiches, nomogrammes,
outil vidéo, utilisation des TICE,
), ils doivent les rendre explicites
et lisibles par les élèves. Cela nécessite du temps.
- L'indispensable massification de l'enseignement fait que, comme les autres
collègues, l'enseignant d'EPS est de plus en plus confronté à
des élèves " difficiles ", dont une grande partie sont
en refus de l'école. Si bon nombre d'élèves aiment l'activité
physique et donc l'EPS, nombreux sont ceux qui la conçoivent seulement
comme un défoulement, une récréation et sont en refus d'apprentissages.
D'autres jeunes, de plus en plus nombreux refusent l'activité physique.
L'idée souvent mise en avant d'un enseignement " facile " parce
que s'appuyant sur des activités ludiques se révèle être
une idée reçue !
- Le champ vaste des APSA, leur évolution constante, les exigences pédagogiques
et didactiques supposent lecture de travaux et publications, échanges
entre collègues, formation continue active et régulière.
Des spécificités lourdes
- Le cours d'EPS nécessite une vigilance permanente : les élèves
y sont en mouvement, dans des situations qui présentent souvent un risque
à contrôler. Lancer l'activité des élèves,
leur préciser les buts, les orienter sur des tâches, les conseiller,
les évaluer en temps réel pour réorienter la situation
proposée et les exigences, apprécier les moments de changement
de situation, les durées, l'intensité des efforts demandés,
individualiser au mieux le travail, dans un espace souvent vaste et parfois
changeant (APPN),
nécessite une attention de tous les instants.
L'enseignant d'EPS est amené à prendre dans l'immédiat
des décisions si conflit ou accident. Stress et tension nerveuse sont
importants. Cela d'autant que les effectifs en EPS sont lourds puisqu'il n'y
a pas de dédoublements en EPS malgré la situation permanente de
travaux pratiques et alors que certaines activités le nécessitent.
- Une pénibilité physique importante : les professeurs
d'EPS sont amenés à faire des efforts physiques répétés
(démonstrations, aides, parades,
). Le cours d'EPS implique une
forme physique permanente qui nécessite un entretien personnel. Les cours
ont souvent lieu dans des espaces vastes, mal insonorisés, (stades, gymnases,
piscines, pleine nature), nécessitant des formes d'intervention particulières,
une attention soutenue, un timbre de voix élevé. Le manque d'installations
couvertes, mais aussi la nécessité d'enseigner des activités
comme les sports de grands terrains, l'athlétisme, les APPN,
impliquent
qu'une partie non négligeable des cours se déroule en extérieur,
et est soumise aux intempéries. L'ensemble de ces éléments
aboutissent à une pénibilité particulière et nombreux
sont les accidents musculaires, articulaires, les maladies professionnelles
(ex.dorsalgies, problèmes de cordes vocales,
) qui y sont liés
Le docteur Zorman, médecin conseiller auprès du recteur de Grenoble
avait déclaré en 1997 lors de la table ronde : "pas de classe
sans enseignant" : "Les enseignants d'EPS forment un groupe qui est
exposé à des risques spécifiques : leur enseignement nécessite
un fort investissement corporel. Ils doivent, comme les autres enseignants,
poursuivre leur activité jusqu'à 60 ans. Cela peut être
rendu difficile avec la diminution des capacités physiques liée
à l'âge et la fréquence des séquelles traumatiques".
Il caractérise donc les enseignants d'EPS comme une "population
à risque".
- Des tâches très particulières : le professeur d'EPS
doit, comme tout enseignant veiller au bon déroulement de la séance,
mais il est le seul à devoir aussi surveiller des vestiaires, des douches,
à devoir, avec les installations très souvent éloignées
de l'établissement, effectuer et surveiller les déplacements (à
pied, en bus, en métro,
) de classes nombreuses. Cela alors qu'actuellement
se multiplient les agressions pendant le trajet, ou sur les stades. L'entretien,
la gestion du matériel d'EPS, son installation en début de séance,
son rangement en fin sont le plus souvent à la charge des enseignants.
- Des négociations avec des décideurs et des partenaires
: l'équipe pédagogique EPS est la seule à devoir, le plus
souvent, négocier ses installations avec les collectivités territoriales,
les équipes EPS des autres établissements, à devoir gérer
des commandes de cars pour se rendre sur des installations, etc.
- Un travail en équipe indispensable : Les enseignants d'EPS doivent
obligatoirement travailler collectivement, se concerter, pour la gestion des
installations, du matériel, le projet pédagogique, le règlement
intérieur de l'EPS (tenues, inaptitude, utilisation des locaux,
),
les examens en CCF. Il gèrent, en liaison avec la médecine scolaire
les dispenses, les C.M.
- Initiateurs de projets lourds : les enseignants d'EPS ont le souci
de créer des événements liant pratique concrète,
citoyenneté et vie de l'établissement (sorties, séjours
sportifs, compétitions interclasses,
). Ces projets sont souvent
lourds en terme d'organisation, de responsabilité.
- Un forfait bien rempli : Le fonctionnement correct d'une association
sportive nécessite un investissement qui dépasse bien largement
le forfait de trois heures. Il implique des temps d'entraînements et de
rencontres, des déplacements parfois longs, la participation à
des tâches d'organisation de compétitions, des contacts permanents
(élèves, autres équipes, parents, sociétés
de transports, réservation d'installation
), un travail d'organisation,
de gestion (des licences, CM, finances de l'AS, matériel
), des
réunions au niveau de l'AS, du district, du département, etc.
Ces caractéristiques justifient pleinement la diminution des maxima de service des enseignants d'EPS, après celles intervenues pour les PLP et les enseignants des disciplines artistiques.
Serge CHABROL