L’AGCS : QU’ES ACO ? Par G. Orsi
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Au cœur de l’OMC
Depuis quelques
années, les tenants de la mondialisation libérale ( que je n’ai
pas l’honneur de connaître personnellement) se sont dotés
d’un puissant outil, l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce),
afin de livrer au marché tout ce qui peut accroître leur chiffre
d’affaire (on s’occupe comme on peut !). Désormais, tout
est menacé d’être soumis aux règles du commerce :
le courrier, l’enseignement, la médecine, les transports, l’énergie,
l’eau …
En ce moment même, des négociations capitales pour l’avenir
de notre planète se déroulent à l’OMC, elles doivent
être achevées le 1er janvier 2005 (c’est bientôt !).
Ces négociations, s’inscrivent dans le cadre de ce qu’on
appelle « l’Accord Général sur le Commerce des Services
»(AGCS). C’est un sigle qui mérite d’être mieux
connu.
Bien sûr, la Presse (tiens, la revoilà celle-la) en parle peu, comme s’il était dangereux que les populations sachent ce qui s’y passe réellement : « quand on veut assécher le marais, il ne faut pas prévenir les grenouilles ! », vous le connaissiez ce dicton ? Et pourtant le risque est bien là ! (séquence Frisson !)
AGSC = danger !
Les négociations portent sur la possibilité de mettre sur le marché de la concurrence et de la rentabilité (hormis les 3 fonctions régaliennes de l’état : justice, armée, police) l’ensemble des services publics, en particulier ceux de l’éducation et de la santé, qui représentent un marché rentable (et donc des possibilités de spéculations) de plusieurs milliers de dollars (il faut aussi mentionner les services d’intérêts généraux , comme l’eau, au cœur de combines commerciales gigantesques, qui l’eût cru ? ).
Concrètement,
il y a risque que, signataires des accords AGCS, certains membres (les pays
particulièrement zélés, type nos amis les anglais) puissent
demander à d’autres la libéralisation de leurs secteurs
afin de créer une « harmonisation commerciale » nécessaires
à leurs juteux trafics, ainsi qu’une uniformisation (par le bas,
of course) des acquis sociaux. Du point de vue juridique, l’OMC s’est
doté d’un tribunal, l’ORD (Organisme de Règlement
des Différends), qui pourra sanctionner fortement tout pays ne respectant
pas les accords (on rigole pas avec ça). Ainsi, selon le principe «
d’irréversibilité », il pourrait être question
de sanctionner fortement un pays qui reviendrait sur des accords de libéralisation
signés (par exemple en cas de changement de gouvernement, on peut rêver…),
ce qui remettrait en cause toute notre tradition démocratique et le droit
du peuple à disposer de son avenir ! (on mesure alors le risque, même
si demain une autre majorité est aux commandes, d’accepter aujourd’hui
n’importe quoi, d’où l’importance de descendre dans
la rue avec les copains !).
Il est quand même incroyable qu’il faille encore et encore
rappeler que les services publics ne devraient pas être considérés
comme des marchandises ordinaires ! Aucun accord ne devrait aboutir à
privatiser des services publics contre la volonté des citoyens et tout
accord signé par des gouvernants devrait comporter une clause de sauvegarde,
au cas où ceux-ci viendraient à être démis par les
électeurs.
On s’en rend compte, ce qui se joue actuellement dans les négociations
AGCS, est d’une importance capitale pour l’avenir de nos services
(et même de nos intérêts vitaux). Or, de ce côté
là, c’est silence radio : la plupart de ces négociations
se déroulent dans le secret et sans la participation des parlementaires
et des partenaires sociaux. Sur la nature et l’évolution de ces
accords commerciaux, il appartient à chacun d’aller lui-même
aux informations ( voir le site de ATTAC
France par exemple) pour faire la part des choses entre ce qui peut relever
du fantasme et du risque réel.
Entre fantasme et réalité
«
Ayez confiance… », nous dit notre premier ministre. Personnellement,
et (sans verser dans le catastrophisme) j’ai du mal à croire que
nos ministres ne préparent pas le terrain des libéralisations
prévues par l’OMC et par extension, qu’ils ne visent pas
la disparition programmée de nos secteurs publics d’activités…
De toute évidence , les projets Raffarin-Ferry-Fillon jouent le pourrissement
des services publics. « L’éducation » : suppression
de 5 600 postes de surveillants et de 20 000 emplois jeunes, gel des recrutements,
en attendant le non remplacement des retraités. Est-ce pour mieux légitimer
leur privatisation comme cela a été opéré à
la Poste ? La « décentralisation » des personnels non enseignants
(pour commencer) : est-ce pour les mettre au contact des besoins locaux, intervenir
dans les décisions ou bien s’agit-il de les placer sous la tutelle
des collectivités locales, qui volontairement ou non, se déchargeront
à plus ou moins long terme sur des organismes privés (comme cela
a commencé pour les cantines scolaires ou les services de blanchisserie
dans les hôpitaux)? « L’université » n’échappe
pas aux réformes non plus, le ministre sous-couvert d’autonomie,
entend les mettre aux normes anglo-saxonnes de concurrence et de financement
par le privé. Cherchez l’erreur ! Quant au projet « retraite
», la ficelle est tellement grosse maintenant, qu’il ne reste plus
beaucoup de monde pour croire qu’il n’est pas livré au monde
des financiers et des marchands.
Comment, en toute lucidité, ne pas croire que notre sécurité
sociale, notre école, notre université, y compris ses personnels,
ne sont pas dans le collimateur de nos dirigeants actuels pour les faire…
évoluer (un peu à la manière des dinosaures qui ont tellement
« évolués » qu’ils ont tous disparus)? Comment
raisonnablement ne pas craindre le vent du boulet quand on constate autant de
cohérence, de continuité, de collusion entre cette cascade de
projets, à fort relent de marchandisation (culte de la concurrence et
de la rentabilité) et le libéralisme affiché sans vergogne
des projets AGCS… Je crois que le marais est vraiment en danger !
G.O
Pour aller plus loin sur le dossier AGCS (texte récupéré sur Internet)
Les négociations
sur les services au sein de l’OMC entrent dans une phase décisive.
Les enjeux économiques sont immenses.
Les enjeux démocratiques et sociaux également. Le problème
avec l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS)
c’est qu’il met sur le même plan des domaines qui ne peuvent
relever de la même logique marchande. A l'exception des services publics
régaliens (police, justice, défense), aucun autre n’est
écarté des négociations.
La distribution de l’eau, la poste, l’éducation, la santé,
sont listés par l’OMC comme pouvant entrer dans l’AGCS. Au
même titre que les assurances, la banque ou le tourisme.
L’AGCS,
boîte à outils de la libéralisation des services
Les services sont au coeur du nouveau marchandage mondial engagé au sein
de l’OMC. L’Union Européenne vient de présenter ses
« offres » de libéralisation.
Les négociations dureront jusqu’à la fin 2004. Le secteur
des services représente déjà 22% du commerce mondial et
2/3 du PIB de l’Union. Aucun domaine n’est épargné
par la négociation, pas même les services publics. Chacun doit
avoir accès à l’information, sur ce dossier décisif.
Pour se faire une opinion, intervenir, peser sur le débat, vous trouverez
dans ce dossier, des repères, des arguments, des contre-propositions.
Qu’est-ce
que l’AGCS ?
L'AGCS est un des accords fondateurs de l’OMC, entré en vigueur
en 1995. Il englobe un accord-cadre, qui énonce les règles générales,
et des listes nationales d’engagements, par lesquelles chaque pays donne
accès aux entreprises étrangères sur son marché,
secteur par secteur. Au cours de chaque cycle, les négociations se mènent
sur la base des « demandes » présentées par chaque
pays aux autres, puis des « offres » concernant l’ouverture
de son propre marché.
Chacun est conduit à élargir ses offres au cours des négociations,
pour obtenir satisfaction sur ses demandes. Les listes nationales s’allongent
ainsi de cycle en cycle.
Un
objectif : la libéralisation
L’accord vise à « obtenir sans tarder une élévation
progressive des niveaux de libéralisation du commerce des services
par des séries de négociations multilatérales successives
» (préambule et art. XIX). La Commission européenne
prétend qu’avec l’AGCS « il ne s’agit pas de
libéralisation des services ». Selon elle, la libéralisation
du « commerce » des services n’est pas la libéralisation
du secteur concerné à l’intérieur d’un pays.
C’est faux. Lorsqu’un pays « demande », ou «
offre », le secteur des services postaux, ou celui de l’eau,
par exemple, ce n’est pas le commerce international de ces services qui
est visé (courrier transfrontalier ou exportation d’eau),
mais bien le marché interne du pays, avec l’objectif de permettre
à des groupes étrangers d’y devenir opérateurs. La
libéralisation entraînée par l’AGCS ne concerne donc
pas seulement le commerce international, mais bien l’organisation
du secteur dans le pays qui sera soumise aux principes et aux disciplines
de l’OMC.
Quels
secteurs sont concernés ?
Toutes les activités susceptibles d’intéresser des entreprises
étrangères font l’objet de négociation. L’OMC
recense 160 secteurs et sous-secteurs de services : assurances, banques, services
aux entreprises, communications, construction/ingénierie, distribution,
tourisme, loisirs/culture/sports, transports, environnement (eau, déchets),
éducation, santé.
Qu’en est-il des services publics ?
Seuls sont écartés à priori des négociations «
les services fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental ».
Mais l’Accord les définit de façon extrêmement restrictive
et établit que ceci « s’entend de tout service qui n’est
fourni ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs
de services » (article I.3.c). Or, de très nombreux services publics
et sociaux sont l’objet d’une tarification (transports publics,
poste, énergie...) et sont donc considérés par l’OMC
comme fournis sur une base commerciale, ou sont concurrencés par des
fournisseurs privés (cliniques privées face aux hôpitaux
publics, écoles privées face aux écoles publiques, etc.).
Ainsi, à
l'exception des services publics régaliens (police, justice, défense),
aucun autre n’est exclu des négociations. Ainsi, l’OMC reconnaît
que 43 « engagements » de libéralisation ont été
pris dans la santé et 41 dans l’éducation depuis l’entrée
en vigueur de l’AGCS.
L’enjeu
économique
Le commerce mondial des marchandises et des services représente environ
6 000 milliards d’euros chaque année. En son sein, les services
comptent pour 1 300 milliards d’euros. En 2001, le commerce des services
comptait pour 25% des échanges entre l’Union Européenne
et le reste du monde. La France est le premier producteur de services en Europe.
Les services pèsent au total près de 2/3 du PIB de l'UE. Ce qui
inclut non seulement les services d'assurances, la banque, le tourisme... mais
aussi la santé, l'Education, les transports publics, l'énergie.
Autant de secteurs aujourd'hui peu ouverts à la concurrence internationale.
Il est vrai que, à l'échelle mondiale, ces « nouveaux marchés
» potentiels sont énormes et suscitent bien des appétits
: 2000 milliards d’euros pour l’Education, 3500 milliards pour la
santé.
Calendrier
des négociations
• Novembre 2001 : la déclaration finale de la conférence
ministérielle de l’ OMC à Doha (Qatar) lance le Doha Development
Round (Cycle du Développement de Doha). Un calendrier a été
établi :
• Le 30 juin 2002, transmission des demandes : chaque membre de l’OMC
a adressé ses demandes à chaque autre membre, c’est-à-dire
une liste de secteurs de services qu’ il souhaite voir soumis aux règles
de l’AGCS.
• Le 31 mars 2003, transmission des offres : chaque membre devait déposer
la liste des secteurs de services qu’il offre de libéraliser
sur son propre territoire. L’échéance n’a pas été
respectée par l’UE qui a fourni sa liste le 29 avril.
• 10 au 14 septembre 2003 : 5ème conférence ministérielle
de l’OMC, à Cancun (Mexique). Les pays membres feront le point
sur l’avancée ou les blocages des négociations, notamment
sur les services. La déclaration de Doha prévoit également
que cette session doit ouvrir des négociations sur les marchés
publics ainsi que sur “la politique de la concurrence”, et décider
“s’il convient de lancer des négociations dans le domaine
de l’investissement”.
• 1er janvier 2005, date limite fixée pour conclure l’ensemble
du cycle de négociations (agriculture, services, etc) par un accord global
lors d’une session extraordinaire de la conférence ministérielle.