Assemblée Générale Départementale 06 9 septembre 2003
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Compte
rendu de l'AGD de rentrée, en présence de Jean Lafontan
32 collègues présent (Profs de collèges, lycées,
LP, STAPS et IUFM)
Remerciements au principal du collège de Romée à Villeneuve pour son accueil (et son buffet, mais ça on ne le saura qu'à la fin !) et à Pascale Prévit pour l'organisation.
Accueil de Jean Lafontan, nous le remercions de sa présence et des réponses qu'il voudra bien apporter à nos questions.
Quelques infos de Dominique Henrot
Jean Lafontan
pour lancer le débat attend les questions et répondra ensuite
: (NB : pour simplifier, je vais regrouper les questions par
thèmes et les anonymer. mais j'ai les noms ! Phil)
Questions :
Perspectives
: Quelles perspectives pour la suite, vu que l'on a rien obtenu ?
Rôle du syndicat : Comment le syndicat national a t'il
vécu le mouvement du printemps ? Il ne s'est pas impliqué ! Quelle
action a t'il mené ? Le syndicat ne s'est-il pas sabordé
par son attentisme démobilisateur, preuve de son inefficacité
? La CGT, absente.
Retraites : Retraites, les socialistes ont dit qu'ils remettront
les retraites en chantier, est-ce crédible ?
Grand débat : Quelle position adopter sur le grand débat
? Comment se préparer, animer ce débat ? Le budget 2004 où
en est-on ? Problème d'intox, de communication.
Syndicat lieu de lutte contre le libéralisme ? Compte
tenu de la défaite, le syndicat est-il encore le lieu de la lutte contre
montée du libéralisme ? Le problème ne trouvera t'il pas
sa solution sur un registre politique ? Oui mais quelle alternative ?
Jean
Lafontan : Les questions convergent vers les doutes envers le syndicat.
On doute sur le syndicalisme, sur sa manière de réagir, son attentisme.
Hier, à l'AGD du Var (80 personnes) nous étions sur le même
registre.
Mouvement du printemps, attentisme :
C'est une des rares fois, où les directions syndicales ont été
entendues dans leur action. Il ne faut pas oublier que ce sont les organisations
syndicales qui ont lancé le mouvement. En proposant une grève
le 17 10 2002. Personne n'y croyait. Le bureau national a imposé l'idée.
Ce fut une bonne grève. Mai, Juin, n'est pas apparu comme ça.
Dès l'exposé de politique générale de Raffarin,
nous avions compris que ce serait difficile. Après le mouvement s'est
lancé très fortement suite à la grève de Mars, le
18 : Bordeaux et Réunion se sont enflammées. Nous leur avons dit
: Attention à l'arrêt Omont, et nous leurs avons conseillé
la reprise des cours le vendredi, avant les vacances. Ces 2 académies
s'étonnaient que nous n'appelions pas à la grève nationale
reconductible ! Or seuls le 40 et 64 ont bougé mais pas plus. A la rentrée
des vacances de Pâques, dès le 9 mai on a appelé aux grèves
reconductibles : Montpellier, Aix, Nice, Marseille, ont bien réagi, mais
Bordeaux redescendait déjà en intensité. Puis entre deux
grèves nationales, il est venu l'idée des grèves reconductibles.
Ce sont les organisations syndicales, les directions nationales qui ont lancé
tout ça.
Ce que l'on a obtenu : Sur les Retraites : une claque ? sur
la décentralisation on a globalement gagné
Retraites : Sur le dossier total, les 40 annuités, on
a perdu. Mais par rapport à l'enjeu qu'il y avait, on a gagné
! Il faut se rappeler que l'enjeu ce n'était pas l'alignement sur le
privé, mais pour le patronat savoir comment se désengager des
prélèvements et les faire payer par les salariés. La théorie
sur les retraites, vue par Seillières, on la connaît : chaque salarié
doit se payer sa retraite sur des fonds privés. La retraite des anglais
c'est seulement 20% de financement public ! La capitalisation n'est pas en place,
donc on a gagné quelque chose. Le débat n'est pas clos, mais on
a à emporter la conviction de toutes les forces politiques en France.
C'était la première grande réforme auquel le gouvernement
s'attaquait, il ne pouvait pas reculer, il en allait de sa crédibilité.
Il fallait réhabiliter le politique par rapport à l'électorat
de droite.
Sur la protection sociale ...le débat est reporté
! Le Gouvernement a senti qu'il pouvait jouer sur l'opposition entre publique
et privé pour les retraites et il s'est engouffré dans cette fenêtre.
Mais la protection sociale va toucher tous les français....Ce sera plus
dur de s'attaquer à tous. Donc ils ont reculé sur le projet libéral.
Par ailleurs sur les retraites, il n'y avait pas d'urgence. Or sur la protection
sociale, vu l'état du (gros) déficit pour cette année et
plus encore pour l'an prochain, Il y a réellement urgence. Ce qui prouve
bien qu'ils n'avancent pas comme ils voudraient.
Suppression des postes de fonctionnaires : on parlait de 1/2
non remplacés, ou même zéro remplacement. Or on en est loin.
Il faut donc voir les résultats des actions : Il y a le même nombre
de postes aux concours. Tous les postes ont été pourvus en EPS.
Même si c'est un répit d'un an, c'est toujours ça de gagné.
Surtout pour 1273 reçus ! Il y a l'utopie et le bassement matériel
!
Conquête de l'opinion publique : à la fin du mouvement
l'opinion était avec nous. Raffarin au plus bas. Les salariés
n'ont pas été défaits comme ils voulaient. Ils n'ont
pas tout réussi, et surtout pas à faire passer le coeur du problème.
A la fin du mouvement on peut être déçu de l'action des syndicats, et du SNEP en particulier, mais nous étions au coeur des réunions intersyndicales, ce n'était pas un mouvement EPS, mais généraliste. Les autres dossiers EPS ont suivi leurs cours, alors que ce n'était pas l'actualité.
"La CGT n'a pas réussi à mobiliser ses troupes" : ils ne disposent pas d'un bouton poussoir !... Oui, mais nous ? Avons nous mobilisé nos troupes partout ? JL cite 10 acad où il ne s'est rien passé (en gros l'Est, Rouen sauf le Havre, etc..). Il y a eu de grandes inégalités entre régions et dans la mobilisation et dans le temps. Certains n'ont rien fait. Même pas les jours nationaux. Nous avons annoncé au mieux 50 % de grévistes, il n'y a certainement jamais eu plus en même temps. Exemple de Paris : le 93 un peu le 94, car il y a une forte implication politique, mais c'est tout.
Conclusion provisoire : Le mouvement a endigué le maximum du libéralisme, il a été au maximum de ce qu'il pouvait faire. Le premier ministre compte ses pas : budget, protection sociale. Ils sont décidés à aller au bout dans leurs choix libéraux. Nous on doit avoir le même raisonnement.
Débat
sur l'école : Le débat hier soir (France 2), d'après
ce que j'en ai lu, a été globalement minable. Avec un niveau de
réflexion faible. Au niveau syndical, nous devons le prendre avec sérieux.
La loi sera votée, pas discutée, autant essayer de faire avancer
les choses au mieux, en participant aux discussions.
Ferry va nous piquer des enseignants ! L'autorité, la
contrainte, les redoublements, sont des discours que beaucoup de profs ont envie
d'entendre. Ferry se fait son petit électorat... Il ne fait pas politicard,
est un peu balourd, mais c'est calculé ! Il se rend crédible,
et joue cette partition. Attention à ne pas le sous estimer !!
Grève on doit payer, les jours faits ! Moi, je ne suis
pas sur cette idée ! Pendant la grève les profs ne se sauvent
pas mais sauvent le service public. Ils donnent des alarmes à la population.
Donc ces grèves ne sont pas pour notre confort, on ne devrait pas avoir
de retenues. S'il doit y avoir négociations, alors on le fera sur les
jours nationaux. Attention, dans le privé, la grève est aussi
parfois payée. Et une heure de grève est comptée
pour une une heure. Le 3O ième que l'on nous prélève n'est
pas normal et devrait être supprimé.. On ne devrait pas avoir à
faire grève.
Deuxième
salve de questions :
Problème de communication : Vous devez sentir là
haut qu'il y a besoin d'éclaircir des choses et de se dire, communiquer.
On s'est trouvé souvent en difficulté devant les collègues,
le débat n'était pas entre répartition et capitalisation
mais sur les annuités. C'est la grosse différence avec la vision
du BN. On s'est déchiré dans les bahuts, il faut en parler. La
communication du "haut" vers le bas a manqué. Vu l'ampleur
de la mobilisation et les tripes engagées, il y avait une attente forte.
Conquêtes sociales perdues : Bel optimisme dans tes propos,
mais c'est une victoire à la Pyrrhus ! 40 puis 42 annuités voire
plus. La retraite par répartition est grignotée, le pourcentage
diminue, le mal est fait pour de plus en plus de gens. Les médias mentent
sur la nécessité de la réforme des retraites, depuis le
livre Blanc de Rocard. Les conquêtes sociales ontété perdues
en quelque mois. Raffarin a fait comme il a voulu. Le syndicat doit aller vers
plus de radicalité.
Gagner l'opinion publique... est-ce que l'opinion publique
paiera notre retraite, qu'est ce que l'on en a à faire ! Individualisme.
Les gens sont difficiles à mobiliser. L'arme du bac n'a pas été
utilisée, à tort.
On a voté pour ce gouvernement de droite : Ce gouvernement
on l'a porté au pouvoir ! Fallait pas voter pour les autres au premier
tour. La droite a eu le courage de faire ces réformes, qu'il fallait
faire et qu'aucun gouvernement n'avait fait. Mais on savait par avance qu'elles
passeraient. On est aigri, mais on fond de nous même, on savait que cela
passait.
Déçu de la gauche plus que du Snep : Devant l'absence
de perspectives politiques on l'impute au syndicat au lieu de la gauche. On
est devant une politique dure, qui veut faire ce qu'elle a dit et veut faire
plaisir à sa base. Mais ils mesurent leurs pas et ne pourront pas aller
trop loin.
Problème de communication de la FSU qui a fait le grand
écart entre les différents mots d'ordre et la mobilisation réelle
sur le terrain. Il faut prendre de la distance, et réfléchir à
quelles perspectives ? Chercher à communiquer plus avec les parents.
Pas faire grève, mais trouver d'autres formes d'action.
Au niveau européen où en est-on ?
Jean
Lafontan : Je vois bien la provocation dans le : "courage
de la droite !" Il y a un défaitisme sur la perception des retraites.
Cette question a été construite comme un drame. Nous on a cherché
a dédramatiser ! " Aucun gouvernement n'a rien fait avant".
Il n'y avait rien à faire ! En tout cas pas dans l'urgence et pas dans
ce sens là. Sur le plan européen aucun autre syndicat ne propose
une alternative sociale. Les syndicats français sont les seuls a agir
sur ce terrain. Donc les exemples des autres ne sont pas applicables en France.
L'argent pouvait être trouvé. Il y avait soit à donner pour
le social, soit à donner pour les actionnaires. Le gouvernement a choisi.
"La France vit une passe difficile", c'est ce que pensent les français,
emmenés par les médias. Mais regardez le budget 2004 ! L'augmentation
de la prime pour l'emploi, présentée comme une avancée
importante ne représente que 50 centimes par an et par bénéficiaire
! La France a de l'argent, voir les exemples d'Alsthom, du Crédit Lyonnais.
Mais le débat de fond doit être mené sur le plan national.
Dénoncer ce scandale, qui ne sert qu'à donner des garanties aux
plus riches. On doit remettre sur le devant de la scène les vrais enjeux,
expliquer sans relâche le sens de tout ça. Il y a des choses possibles
en France.
Nous sommes devant une logique politique folle, les collègues n'en sont
pas conscient. Le gouvernement est prêt à supprimer les conquêtes
sociales, c'est vrai. Mais nous ne devons pas aller vers la radicalité,
les exemples de notre culture commune, les brigades rouges,la fraction armée
rouge, ont montré que ce n'est pas une solution. Mais on peut attirer
la plus grande partie de la population sur nos idées. Aller expliquer,
donner du sens.
Pour le bac : j'ai dit le bac doit passer ! Et c'est l'idée que j'ai
défendu dans les discussions. C'est
essentiel sur l'opinion publique. On n'est pas en 68. On y a gagné un
débat serein avec les parents. Les parents FCPE, PEEP ne voulaient pas
d'un boycott du bac.La position que je défendais n'était pas unanime,
il y a eu beaucoup de débats. Et en fait sur le terrain, le boycott était
très minoritaire, dans les lycées les collègues n'étaient
pas chauds et le jour du bac s'est finalement bien passé.
20 H Jean Lafontan avait son avion à prendre, il s'est excusé de devoir nous quitter en plein débat. Débat qui a continué à bâtons rompus.
Ensuite tout le monde s'est retrouvé autour d'un superbe buffet organisé par le Collège Romée de Villeneuve où nous reviendrons !
Philippe Vallée