Le Grand débat sur l'éducation : Dossier avec le SNES


Copyright Snepnice 2004

Pour un vrai débat

C’était annoncé. Dès le printemps dernier. Dans un discours qui tentait alors de réduire notre mouvement à un " malaise " dans l’Éducation nationale. Comme si nous avions défilé par millions dans les rues de toutes les villes de France, sur des revendications autour des retraites, de l’éducation et de la décentralisation pour dire à notre ministre que nous nous sentions un peu mal ! Qu’annonçait-on au juste ?
Au ministère de l’Éducation nationale comme à Matignon, on se prétendait ouvert au dialogue : ce dont a besoin l’école, proféraient à l’unisson MM Ferry et Raffarin, c’est d’un " diagnostic partagé ", à partir duquel les réformes nécessaires pourront être envisagées dans la sérénité et la transparence. Et nous y voilà : le Grand débat est là. Il a son site internet, sa propagande médiatique, ses zélateurs, ses " spécialistes ".

Qui est dupe de ce débat confisqué, des arrière-pensées dont les " fiches-supports ", imposées comme l’alpha et oméga du débat, sont truffées ? Qui gobera les " remèdes " implicitement suggérés par la Commission Thélot, qui préconise le recours à la polyvalence des maîtres au collège, qui oppose formation initiale et formation continue ? Qui tolérera que le seul questionnement sur les moyens porte sur la nécessité de mieux exploiter les moyens existants avant d’en réclamer d’autres ?
On appréciera le propos, particulièrement dans notre académie, lanterne rouge nationale des taux d’encadrement des élèves depuis des années, au moment même où se prépare une rentrée 2004 avec, prétendent recteur et inspecteurs d’académie, des effectifs scolaires en baisse dans le secondaire : parallèlement à la mise en oeuvre même de ce simulacre de débat, des décisions lourdes de conséquences sont prises, qui promettent pour 2004-2005 toujours plus de classes surchargées pour suivre des enseignements sacrifiés, dispensés par des titulaires toujours moins respectés et des précaires toujours plus précaires (voir appel à la journée d’action du 26 novembre).

Qui servira la soupe au ministre ?
Pas nous.
La question se pose d’ailleurs avec acuité dans tous les établissements : " y être ou s’abstenir " ? Boycotter et laisser d’autres " acteurs ", d’autres " animateurs " répondre comme bon leur semble à des questions qui sonnent comme autant de provocations ? Investir au contraire le dispositif pour que " remontent " à la Commission Thélot la réponse des personnels, et pour exposer aux élus, parents et autres (n’avons-nous pas parfois souffert de notre isolement dans nos actions ?) notre ambition pour l’école ? Aucune des deux options n’est exempte de pièges, qu’il convient d’évaluer dans chaque S1.
Pour ceux qui n’auront pas opté pour la périlleuse politique de " la chaise vide ", il conviendra d’expliquer, par exemple par une déclaration préalable (voir suggestions jointes) le peu d’illusions que nous nous faisons et la manière dont nous entendons néanmoins faire valoir nos vues.

C’est aussi et surtout par l’organisation d’un vrai débat, auquel le SNES et le SNEP travaillent avec la FSU et les autres partenaires (organisations syndicales et les fédérations de parents d'élèves) depuis l’annonce du débat institutionnel, que nous déjouerons ces pièges. Contribuez à ces initiatives !

Procurez-vous auprès des sections académique et départementales du SNEP des exemplaires en nombre de la brochure grand public : organisez des distributions dans votre établissement, mais aussi vers l’extérieur.
Plusieurs rendez-vous ont été fixés (voir affiche jointe). Soyez-y nombreux, ouvrons-nous des espaces de dialogue et de réflexion qui auront valeur de contre-débat face au dispositif institutionnel.
Un vrai débat : chiche ?

Y être ou s’abstenir ?

Le scepticisme et la suspicion dominent les salles de professeurs vis-à-vis du "grand débat" gouvernemental sur l’école.

On voit mal ce qui pourrait en sortir après l’absence de débouché du mouvement du printemps dernier, après les décisions budgétaires catastrophiques ( 13 000 emplois dans le second degré) que vient d’adopter l’Assemblée nationale, et après les déclarations provocatrices du ministre, justifiant la liquidation du système de remplacement et le recours à la bivalence dans les collèges.

Demander, dans ce contexte, aux personnels de venir débattre avec les parents le mercredi et le samedi au moment des conseils de classe, autant leur demander de se flageller en public. En même temps, nous n’avons aucun intérêt à ne pas profiter du battage médiatique autour du " grand débat ", pour dire ce qui va, ce qui ne va pas, et ce qui pourrait aller mieux avec une politique qui prendrait les problèmes d’éducation avec le sérieux qu’ils méritent.

C’est pourquoi le SNES et le SNEP mettent à la disposition des collègues 700 000 brochures grand public pour faire connaître quelques propositions pour redonner du souffle à l’école. Chaque section syndicale doit apprécier localement s’il faut ou non participer aux journées institutionnelles. Si l’avis majoritaire est de ne pas y aller, qu’il en soit ainsi ; si l’avis est d’investir pour poursuivre le travail d’explication entrepris l’an dernier, il faut y aller.

Dans tous les cas, il faut dire haut et fort ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas dans les débats organisés par les préfets ou les chefs d’établissement ou en dehors d’eux, peu importe.

L’important c’est de faire comprendre que nous voulons une école ambitieuse, ouverte à tous, capable de réduire l’échec, libérée de l’emprise des intérêts locaux et particuliers, dans un service public plus épris d’égalité réelle, avec des contenus qui créent un monde commun entre les jeunes et avec les adultes, et en exerçant un métier dans des conditions acceptables, laissant le temps nécessaire à la préparation de cours intelligents, à la prise en compte des besoins de chacun et sans s’épuiser à la tâche.

L’important, c’est d’alerter sur la crise du recrutement qui s’annonce, sur les besoins de formation initiale et continue des enseignants, sur le refus de dispositifs décentralisés qui fragmenteraient les équipes, sur les dangers d’une autonomie des établissements qui mettrait en concurrence les établissements et les personnels. L’important, c’est de dire aussi que nous ne voulons pas du retour à des professeurs polyvalents au collège, que nous exigeons le rétablissement des MI-SE, la fin de la précarité, des recrutements suffisants et un système de remplacement performant avec des titulaires. L’important c’est d’exiger une nouvelle revalorisation de nos métiers et une aide aux jeunes qui les ont choisis.

Utilisons tous les moyens pour le dire dans ou hors des journées institutionnelles. C’est le meilleur moyen de prolonger et de renouer avec nos luttes récentes.

Déclaration pour le grand DÉBAT SUR L’ÉCOLE

Les intentions affichées par le gouvernement à travers son grand débat sur l’école apparaissent ambitieuses. Nombre des questions posées sont au coeur de la réflexion des enseignants à propos de leur métier et du Service Public d’Éducation.

Pourquoi alors prédominent dans nos professions scepticisme, voire colère et sentiment d’être floué ?

Ces réactions sont plus que légitimes alors que :

Sur quoi va déboucher ce débat ?

Qui nous garantit que les synthèses élaborées à différents niveaux : EPLE, circonscriptions du Primaire, arrondissements, seront bien prises en compte par la commission mise en place pour organiser le débat ?

Les consultations récentes à propos des nouveaux programmes de philosophie et d’histoire-géographie montrent le peu de cas que le MEN fait des propositions " d’en bas " lorsqu’elles sont différentes de celles " d’en haut ". Sans parler des décisions de M. Allègre sur l’ECJS, en totale opposition avec les propositions des enseignants concernés.

Que dire de la formidable usine à gaz élaborée pour ce débat : des centaines de pages de documents divers aux questionnements tendancieux non pas mis à la disposition des intervenants mais qu’il faut aller piocher sur Internet, qu’il faut lire et assimiler très rapidement et dont on aura pour discuter que très peu de temps, à tel point que sur les 22 thèmes proposés par la commission Thélot seuls quelques-uns (3 ou 4) pourront être réellement abordés dans les établissements ? Sans compter le temps nécessaire pour rédiger une synthèse que le rapporteur devra bien présenter pour accord sous peine d’être soupçonné de refus de transparence.

Que dire de ce lourd travail qui va se dérouler en pleine période des conseils de classe, c’est à dire à un moment où la disponibilité des collègues n’est pas la plus grande ? Le choix du Recteur d'imposer ce "débat" entre le 8 et le 14 décembre est-il dû entièrement au hasard ?

Qui nous garantit que cette " consultation ", dont les conclusions peuvent être facilement accommodées par le gouvernement, ne sera pas, après coup rebaptisée " négociation " ce qui permettrait de parer un coup de force des apparences de la démocratie ? Après tout c’est bien ce procédé qui a été employé pour les Retraites.

On peut aussi entrer d’ores et déjà dans le détail des 22 thèmes et, sans nier ce qui a été dit plus haut, s’étonner que les ATOSS ne soient mentionnés qu’une seule fois et en 5/6 lignes.

Que les IDD soient présentés comme des processus pédagogiques efficaces alors que leur suppression semble décidée ?

Que la décentralisation soit présentée comme une parfaite réussite, alors qu’aucun bilan sérieux n’en a été fait malgré les demandes pressantes des manifestants de ce printemps. Craignait-on une vérité désagréable ?

Encore une fois nous ne sommes pas convaincus de l’honnêteté des promoteurs de ce Grand Débat Pour l’Ecole, si nous y participons, avec plus que des réserves, nous serons extrêmement vigilants

Pour un vrai débat : débattons ensemble de l'avenir de l'école.

Où ?

Quand ?

Au local du SNES de Nice

264 Bd de la Madeleine

Jeudi 4 décembre, 17h.

La Crau

Collège Fenouillet

Vendredi 5 décembre, 17h30

La Seyne

IUFM La Seyne

Vendredi 5 décembre, 17h30

Tourves

Salle municipale, Espace Culturel

Mercredi 3 décembre, 17h30

Ginasservis,

salle municipale la Ruche

Mercredi 26 novembre, 17h30

Draguignan,

MJS

Lundi 8 décembre, 18h.

Le Luc,

au collège

Lundi 1er décembre, 17h.

d'après INFOS ACADÉMIQUES N°4 du 18/11/03 du SNES