prix de la citoyenneté : un coup de gueule par Laurent Bourguet*
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COUP DE GUEULE
Je suis
enseignant d'EPS d'un système que l'on nomme l'Education Nationale (EN)
qui est, soi-disant, gratuite, publique et laïque. Dans mon enseignement,
il me faut tenter d'amener mes élèves à être plus
responsable, autonome et plus citoyen. Pour y parvenir, tous les enseignants
de bonne volonté cherchent à construire des projets intéressants
dans leur établissements. Les Associations Sportives (AS), des établissements
affiliées à l'UNSS, poursuivent ces mêmes objectifs. Pour
pouvoir concrétiser ces projets il faut de l'argent. Pour les collèges,
le Conseil Général doit subvenir à cela. C'est je crois,
ce que j'ai appris dans ma formation (je n'en vois malheureusement pas souvent
la couleur).
Solidarsport est une association qui cherche dans la société à
prôner la citoyenneté grâce à des activités
sportives. Ses actions se font auprès de jeunes ayant l'âge d'être
scolarisés. Ses subventions peuvent être diverses. Son président
est journaliste à Nice matin.
L'an dernier, cette association a organisé le premier prix de la citoyenneté
dans les Alpes Maritimes. Cette action concernait les élèves des
classes de 4° des établissements qui se sont fait remarquer pour
leur comportement très citoyen durant l'année scolaire.
Pour ce projet, concurrent des différents projets des enseignants, l'association a obtenu un budget de 80 000 euros, dont le Conseil général. Dans le même temps, beaucoup d'enseignants doivent parfois abandonner des projets intéressants par faute de moyens.
Une réunion
bilan organisée le 20 octobre, devait me permettre de comprendre les
raisons de cette politique. Des enseignants d'EPS, des chefs d'établissement,
M. ABASSIT (responsable UNSS), un représentant de l'IA et le président
de l'association Solidarsport étaient présents.
Selon le président de l'Association, le bilan est que pour demain, le
Conseil Général ne subventionnera certainement plus solidarsport.
De toute façon, cela ne semble pas être un problème vu que
cette personne s'engage à trouver des partenaires privés pour
subventionner son projet. Le côté financier semble donc être
écarté. Malgré tout, cette personne ne souhaite pas reconduire
le projet s'il n'y a pas davantage d'investissement de la part des équipes
éducatives dans son élaboration. A cela, les personnes présentes
répondent positivement. A l'issu de la réunion, certaines personnes
présentes, se proposent même de participer au Comité de
pilotage de ce projet en compagnie de son fondateur. Bravo, il pourront avoir
une bonne prime pour mérite.
En résumé,
si je comprend bien, j'ai passé un concours pour un système qui
périclite parce que tout est fait pour cela (cf mouvement sociaux de
la fin de l'année scolaire dernière). Mais malheureusement tout
le monde s'en fout. Nous acceptons de laisser nos projets pour lesquels nous
avons mis tant d'espoir, de temps et qui sont bons pour nos élèves,
mais désintéréssés, pour une action ponctuelle aux
retombées économiques (une vitrine politique), promulguées
par des personnes n'ayant rien à voir avec l'éducation nationale.
Nous acceptons par simplicité de laisser rentrer dans l'école
des partenaires économiques.
Mais bon dieu, regarder aux Etats Unis quel est le résultat de ce laisser
aller (cf Mike contre attaque, édition la découverte de Michael
MOORE). A quand les panneaux publicitaires sur les bouquins de cours, les repas
"super diététiques" d'entreprise privés à
la cantine, les contenus dictés par les entreprises ayant des parts dans
les établissement. Où sera alors la vrai culture ? Où sera
aussi la gratuité de l'enseignement publique ? Tout simplement, où
sera l'école publique ?
Ouvrez les yeux sur la politique mondiale mené aujourd'hui par l'OMC
pour l'école et les savoirs. Comparez y la politique éducative
menée en France aujourd'hui. Mais comment pouvez-vous accepter cela ?
Je suis écoeuré, je constate qu'inexorablement nous nous dirigeons
vers une école dont je ne veux pas mais qui laisse une grande majorité
indifférente.
Suis-je pessimiste et idiot, ou est-ce vous qui êtes aveugles ?
Laurent BOURGUET
* Les propos tenus par ce collègue n'engagent que lui