prix de la citoyenneté : un coup de gueule   par Laurent Bourguet*


Copyright Snepnice 2004

COUP DE GUEULE

Je suis enseignant d'EPS d'un système que l'on nomme l'Education Nationale (EN) qui est, soi-disant, gratuite, publique et laïque. Dans mon enseignement, il me faut tenter d'amener mes élèves à être plus responsable, autonome et plus citoyen. Pour y parvenir, tous les enseignants de bonne volonté cherchent à construire des projets intéressants dans leur établissements. Les Associations Sportives (AS), des établissements affiliées à l'UNSS, poursuivent ces mêmes objectifs. Pour pouvoir concrétiser ces projets il faut de l'argent. Pour les collèges, le Conseil Général doit subvenir à cela. C'est je crois, ce que j'ai appris dans ma formation (je n'en vois malheureusement pas souvent la couleur).
Solidarsport est une association qui cherche dans la société à prôner la citoyenneté grâce à des activités sportives. Ses actions se font auprès de jeunes ayant l'âge d'être scolarisés. Ses subventions peuvent être diverses. Son président est journaliste à Nice matin.
L'an dernier, cette association a organisé le premier prix de la citoyenneté dans les Alpes Maritimes. Cette action concernait les élèves des classes de 4° des établissements qui se sont fait remarquer pour leur comportement très citoyen durant l'année scolaire.

Pour ce projet, concurrent des différents projets des enseignants, l'association a obtenu un budget de 80 000 euros, dont le Conseil général. Dans le même temps, beaucoup d'enseignants doivent parfois abandonner des projets intéressants par faute de moyens.

Une réunion bilan organisée le 20 octobre, devait me permettre de comprendre les raisons de cette politique. Des enseignants d'EPS, des chefs d'établissement, M. ABASSIT (responsable UNSS), un représentant de l'IA et le président de l'association Solidarsport étaient présents.
Selon le président de l'Association, le bilan est que pour demain, le Conseil Général ne subventionnera certainement plus solidarsport. De toute façon, cela ne semble pas être un problème vu que cette personne s'engage à trouver des partenaires privés pour subventionner son projet. Le côté financier semble donc être écarté. Malgré tout, cette personne ne souhaite pas reconduire le projet s'il n'y a pas davantage d'investissement de la part des équipes éducatives dans son élaboration. A cela, les personnes présentes répondent positivement. A l'issu de la réunion, certaines personnes présentes, se proposent même de participer au Comité de pilotage de ce projet en compagnie de son fondateur. Bravo, il pourront avoir une bonne prime pour mérite.

En résumé, si je comprend bien, j'ai passé un concours pour un système qui périclite parce que tout est fait pour cela (cf mouvement sociaux de la fin de l'année scolaire dernière). Mais malheureusement tout le monde s'en fout. Nous acceptons de laisser nos projets pour lesquels nous avons mis tant d'espoir, de temps et qui sont bons pour nos élèves, mais désintéréssés, pour une action ponctuelle aux retombées économiques (une vitrine politique), promulguées par des personnes n'ayant rien à voir avec l'éducation nationale. Nous acceptons par simplicité de laisser rentrer dans l'école des partenaires économiques.
Mais bon dieu, regarder aux Etats Unis quel est le résultat de ce laisser aller (cf Mike contre attaque, édition la découverte de Michael MOORE). A quand les panneaux publicitaires sur les bouquins de cours, les repas "super diététiques" d'entreprise privés à la cantine, les contenus dictés par les entreprises ayant des parts dans les établissement. Où sera alors la vrai culture ? Où sera aussi la gratuité de l'enseignement publique ? Tout simplement, où sera l'école publique ?
Ouvrez les yeux sur la politique mondiale mené aujourd'hui par l'OMC pour l'école et les savoirs. Comparez y la politique éducative menée en France aujourd'hui. Mais comment pouvez-vous accepter cela ? Je suis écoeuré, je constate qu'inexorablement nous nous dirigeons vers une école dont je ne veux pas mais qui laisse une grande majorité indifférente.
Suis-je pessimiste et idiot, ou est-ce vous qui êtes aveugles ?

Laurent BOURGUET

*  Les propos tenus par ce collègue n'engagent que lui