Réponse à l'article de Nice-Matin du 21 février 2004 par Dominique Henrot


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Dernière minute

Dans l’édition de Nice Matin du samedi 21 février, le journaliste Eric GALLIANO, citant le Recteur de l’académie de Nice Jean Marie CARBASSE accrédite la thèse tenue par l’administration qu’il y aurait trop de professeurs d’Education Physique et Sportive dans l’académie de Nice.

La réalité est toute différente :

1. le nombre de professeurs titulaires remplaçants n’est pas excessif puisque le rectorat de Nice est encore cette année contraint d’employer des personnels précaires en nombre important.

2. si par le passé des personnels titulaires remplaçants ont été sous-employés la responsabilité en incombait totalement à l’administration rectorale qui n’avait pas été capable de mettre en place un système de gestion de ces personnels efficace. Nous avons souvent dénoncé cette situation et l’amélioration de ce système de gestion pour la présente année scolaire montre bien qu’il est vraiment possible de le rendre plus efficace encore.

3. le souci du rectorat de « lissage » en faisant en sorte qu’il y ait un professeur devant chaque classe dés le premier jour de la rentrée des classes conduit l’administration à nommer sur des postes à l’année (jusqu’à des demi-services !) les personnels titulaires remplaçants ce qui rend difficile le complément de leur service dans un autre établissement où des besoins se seraient fait sentir (difficulté de compatibilité d’emplois du temps). Ces collègues restent officiellement en sous service même si l’établissement auquel ils sont rattachés complète leur service en donnant les heures aux élèves (dédoublement de classes, soutien, etc…). il est facile ensuite de comptabiliser les heures de « prétendu » sous-service et de les traduire en postes excédentaires !!

4. la bataille pour le respect des horaires officiels d’EPS est permanente et tout particulièrement pour faire valoir le respect du forfait affecté à l’animation de l’association sportive qui fait partie intégrante du service des enseignants d’EPS (c’est le statut !). De multiples tentatives ont cours pour récupérer des moyens sur cette partie de notre service. Dans le cadre de la préparation de la rentrée 2004 plusieurs collègues nous ont fait état de tentatives de regroupement de deux classes pour constituer un seul groupe d’EPS. Cette mesure est complètement contraire aux textes en vigueur et une telle opération répétée à plusieurs reprises dans le même établissement peut conduire à la non-création voire à la fermeture d’un poste définitif dans notre discipline.

5. les effectifs des classes, en augmentation constante depuis plusieurs années, conjugués à la faiblesse des horaires pose des problèmes d’organisation, de sécurité et d’apprentissage pour l’enseignement de certaines activités pourtant aux programmes officiels de la discipline : activités physiques de pleine nature et natation doivent se dérouler bien souvent dans des conditions très difficiles avec des effectifs très élevés.

6. l’éloignement quasi général des équipements sportifs conduit à amputer l’horaire officiel d’une partie importante consacrée aux transports et déplacements. Ainsi, l’EPS est la seule discipline d’enseignement dont les horaires ne sont pas assurés dans leur totalité (en quoi la station assise dans un autobus pendant le tiers, voire la moitié, de l’horaire comme cela se produit pour certains établissement est-elle de nature à contribuer au développement physique des enfants ! Sans compter le sous-emploi des compétences des enseignants pour une partie de leur service)

7. de nombreux établissements ont mis en place ou sont demandeurs de la mise en place de sections sportives, s’appuyant sur les compétences de nos collègues dans certaines activités sportives et sur les besoins associatifs et fédéraux locaux. Ces sections quand elles reçoivent l’aval de l’administration n’en reçoivent cependant pas, la plupart du temps, les moyens horaires nécessaires à leur fonctionnement. Cette année la globalisation de ces moyens, quand ils existent, dans la dotation de l’établissement alors que précédemment ils faisaient l’objet d’une dotation particulière va mettre ces sections en concurrence avec d’autres projets. Autant dire que certaines d’entre elles sont d’ores et déjà vouées à disparaître. Il y pourtant là des besoins conséquents afin de développer une véritable filière de formation sportive qui doit impérativement être prise en compte par le service public d’éducation nationale, au risque de se construire en dehors de lui.

8. enfin nous ne pouvons passer sous silence la grande misère de l’enseignement supérieur en ce qui concerne l’EPS. D’une part, le nombre de postes d’enseignants à l’université tant à Nice qu’à Toulon conduisant les services universitaires des activités physiques et sportives, à faire appel à des vacataires voire des sous traitants pour proposer aux étudiants un éventail suffisamment riche d’activités. Ne parlons pas des besoins des l’UFRSTAPS et de l’IUFM contraints de solliciter nos collègues du second degré pour assurer le nombre considérable d’heures supplémentaires nécessaires pour faire face aux besoins et à l’insuffisance de postes définitifs dans ces établissements. A l’IUFM la contrainte est telle que la direction, pour satisfaire aux besoins de l’établissement, essaye là aussi de récupérer des moyens sur l’horaire de l’association sportive.

9. Cette vision restrictive et erronée des besoins pour la rentrée prochaine pourrait avoir une autre conséquence : celle qui consisterait à priver l'Académie d'un nombre non négligeable de professeurs stagiaires en EPS, affectés pour l’équivalent d’un demi service en établissement (l’autre moitié étant réservée à la formation en centre de formation), pénalisant ainsi les professeurs stagiaires désireux de se former dans leur académie d’origine, et l'IUFM de faire valoir des compétences, en matière de formation professionnelle, reconnues de tous au plan académique et national.

Au moment où les étudiants en STAPS qui se destinent au professorat d’EPS descendent régulièrement et en nombre dans la rue pour protester contre les réductions drastiques (-40 %) du nombre de postes mis aux concours, c’est un coup bas de la part de l’administration rectorale et de son plus haut représentant en particulier de tenter d’accréditer la thèse qu’il y aurait trop de professeurs d’EPS en général et dans notre académie en particulier.

Les échos que nous avons des autres académies nous confirment qu’il s’agit bien d’une stratégie globale qui, s’articulant avec une régression budgétaire sans précédent, vise à recentrer les missions du service public d’éducation sur des acquisitions culturelles minimum dont visiblement l’EPS et les disciplines artistiques entre-autres ne feraient plus partie.

Face à ce type de manœuvre le pouvoir trouvera demain comme aujourd’hui et par le passé, le SNEP FSU sur son chemin pour s’opposer à toute tentative de casse de l’EPS scolaire.

Dominique Henrot

Dernière minute : suite à ce courrier le SNEP sera reçu en audience par le recteur ce jeudi (11 mars)