STAGE SYNDICAL DU 20 ET 21 NOVEMBRE 2003 SUR LA SANTE par Gilbert Orsi
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La connaissance des droits acquis
" En
cas d'accident, est-ce qu'un prof d'EPS est couvert lors d'un match prof / élèves
? " " Vous avez décidé de faire une réunion de
coordination le mardi soir à 18h chez une collègue et là
: accident de voiture lors du trajet ! Questions : êtes-vous couvert ?
" " Peut-on, après une longue maladie, reprendre progressivement
le travail en ne faisant que l'AS, en ne bossant que le matin, en complétant
son service par une aide à la documentation, à l'administration
? " " Quelle est la différence entre un congé de longue
maladie et un congé de longue durée " etc…
Voilà quelques questions pratiques, parmi bien d'autres, auxquelles ont
répondu nos camarades E. Vernier (qui a démontré la maîtrise
de ce dossier) et P. Ysebaert ( un collègue très intéressé
par ces questions et qui a rapporté des faits significatifs (et responsable
du site d'Aix Marseille, NDW)) lors du stage " Santé " organisé
par le SNEP et le SNES sur deux jours dans le Var et les A.M.
Rappelons que ces stages sont de droit (12 jours par enseignant)
et qu'il n'est pas nécessaire d'être syndiqué pour y participer.
C'est dans le contexte des réformes Raffarin sur la protection sociale
et le problème du " trou de la sécu " que ces rencontres
se sont inscrites. Inutile de dire que le souvenir douloureux du coup de massue
du printemps dernier à propos des retraites à été
au centre des débats et des stratégies à venir…
Edouard, comme à son habitude, a partagé la journée en
deux partie : le matin fut consacré à l'énoncé d'un
certains nombre d'informations, histoire " d'outiller " les discussions,
de donner des " billes " et l'après midi, justement, un débat
particulièrement riche et animé sur les enjeux et l'orientation
des luttes à mener.
L'idée que les animateurs ont essayé de faire passer est qu'en
matière de protection sociale (qui est jalonnée d'une série
de conquêtes de l'après guerre jusque vers la fin des années
80) nous bénéficions, nous enseignants, d'un certain nombre de
droits. Or, ne connaissant pas ces droits, on ne s'imagine pas à quel
point ils risquent d'être remis en cause par les réformes du gouvernement.
La connaissance des droits acquis est donc la condition des luttes à
venir.
Les catégories de questions
Trois grandes catégories de questions ont été évoquées (souvent trop rapidement compte tenu de l'ampleur du sujet) :
D'autres questions plus techniques ont été abordées. Elles
auraient mérité un traitement plus approfondi tellement les applications
renferment des cas particuliers.
Ainsi, les " comités médicaux " (qui
donnent leur avis par ex. entre choisir un CLM et un CLD), les " commissions
de réforme " (avec une nécessité pour les collègues
qui siègent d'une formation, voire d'une décharge de service),
la " médecine de prévention " , qui fait tellement défaut
(ex. pour dépister, chez les profs, les maladies respiratoires ou cancer
(radio)). D'autres thèmes ont été abordés comme
le " mi-temps thérapeutique " après
un CLM ou un CLD qui oriente l'enseignant vers la possibilité d'un "
reclassement professionnel " progressif, un droit que beaucoup ignorent.
Les informations
ont été brèves. C'est pourquoi, pour plus de précisions,
les animateurs mettent gentiment à votre disposition leur E mail : edouard.vernier@wanadoo.fr
et patrick.ysebaert@wanadoo.fr
Des perspectives à construire
L'objectif
de l'après-midi était de donner la possibilité aux militants
de retourner " armés " dans leur établissement, afin
de mieux parler de ces questions avec leurs collègues. Mais, n'en déplaise
aux amateurs de recettes, celles-ci ne sont pas simples compte tenu de la nature
du problème. En plus, il manque une " culture de la santé
" au SNEP, comme l'a rappelé E. vernier " sur la question de
la protection sociale nous avons du retard ".
Alors, une fois de plus, c'est la crédibilité de l'action syndicale
qui est aujourd'hui engagée :
En définitive,
un stage pour évaluer les acquis, poser des questions, dresser des pistes
de réflexion. De son côté, le gouvernement n'a pas perdu
de temps, il a déjà engagé une série de réformes,
comme pour tester notre capacité de réaction : taxe sur le tabac,
forfait hospitalier, taux de remboursement de l'homéopathie et de certains
médicaments, journée de solidarité. La MGEN est passée
de 2,5 à 2,6 avec un prélèvement supplémentaire
par enfant…
Sans même attendre le résultat des élections du printemps,
la logique marchande qui fait de la santé un formidable marché
financier est déjà bien engagée.
G.O
STAGE FSU SUR LA PROTECTION SOCIALE par
Patricia Gianno
Le 21 novembre,
Edouard VERNIER et Patrick YSABERT, membres du bureau national du SNEP, animaient
un stage dont les objectifs étaient : Quels sont nos droits, comment
les faire valoir ? La sécu en danger : les remises en cause et leurs
conséquences.
MATIN : LE SAVIEZ- VOUS ?
Contrairement
au régime général, les fonctionnaires doivent apporter
la preuve de l’accident et de sa relation au service, même s’il
arrive sur les lieux de travail. Des élus défendent vos droits
en commission de réforme : les connaissez-vous ? Si vous ne pouvez pas
reprendre votre travail, savez- vous que vous avez le droit d’épuiser
vos Congés Maladie Ordinaire, Congés Longue Maladie et Congés
Longue Durée avant d’être mis en retraite pour invalidité
?…
Tous nos droits ont été explicités clairement par
nos collègues pendant cette première partie, et bien d’autres
encore.* Et ce n’était pas inutile. En effet, seuls 43% des femmes
et 51% des hommes font des déclarations d’accidents. A quoi bon
direz-vous ? Nous sommes tous remboursés et c’est même plus
facile sans déclaration d’accident. Erreur ! Les droits couverts
par la sécu et la MGEN ne sont pas à la hauteur de ceux couverts
par l’Etat : laissons donc à celles-là le soin de compléter
ce qui n’est pas pris en compte par celui-ci (par exemple, l’esthétique
et la douleur).
APRES- MIDI : DES PROJETS ET DES ENJEUX AUTOUR DE LA SANTE.
Même
si beaucoup d’entre nous étaient au courant, il n’était
pas vain de rassembler diverses informations et surtout de les replacer dans
le contexte actuel. Depuis qu’elle existe, il y a eu des attaques régulières
contre la sécu. Entre 1974 et 2002, 14 plans ont été proposés
pour réduire les dépenses de santé. La protection santé,
c’est 150 milliards d’euros, assez pour que certains veuillent en
faire un marché. C’est aussi le 1er employeur de France et la 1ère
préoccupation des français, accompagnée d’une grande
méconnaissance. Au regard de cela, l’OMS nous dit que les inégalités
augmentent : on est face à une explosion des besoins (manque de personnels…)
; la prévention en France n’existe quasiment pas, notre système
est curatif ; le coût augmente, est-il supportable ? Quand nous voyons
les mesures à court terme mises en place pour essayer de combler le déficit
(19 milliards paraît-il), nous avons de quoi réagir. Un exemple
: le taux de remboursement des produits homéopathiques est passé
de 65% à 35%. Or nous savons que les gens qui se soignent ainsi sont
aussi ceux qui utilisent le moins de médicaments : quelle est l’efficacité
d’une telle mesure ?
Mais la partie la plus attendue était sans conteste « Les alternatives
et actions possibles ». Hélas ce fut une déception pour
quelques collègues qui espéraient des « recettes »
afin de provoquer des discussions dans les salles de profs trop silencieuses
depuis les combats d’avril et mai. Cependant, un débat intéressant
s’est instauré. Des embryons de réponses ont été
apportés, mais surtout la certitude que le défi devra être
relevé par nous tous qui formons la FSU. Que voulons- nous changer dans
notre système de protection sociale : doit-elle être un simple
marché comme c’est la tendance actuelle ? Tout le monde a le droit
d’être en bonne santé : en avons-nous les moyens ? Un des
moyens ne serait-il pas d’augmenter l’Impôt sur le Revenu,
le seul qui soit juste ? Il nous faut affronter la réalité, mais
surtout de gros mensonges tels que « la gratuité augmente la consommation
» ou encore « les personnes âgées sont responsables
de nos malheurs ». Si les dettes patronales étaient reversées,
14 milliards entreraient dans les caisses. Si les salaires de tous étaient
augmentés de 1%, cela rapporterait 3 milliards d’euros…La
notion de partage des richesses n’est pas une utopie. On a fait la preuve
que la solidarité est efficace dans ce domaine.
Les débats sont ouverts, il faut nous en emparer et dire ensemble ce
que l’on attend…
Patricia Gianno