Rencontre avec Jacques Rémond, le président de Solidarsport : des valeurs communes à défendre.
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Nous avions,
dans ces colonnes, relaté notre propre expérience du
Prix de la Citoyenneté et des réserves que nous mettions à
cette opération. Le "coup de gueule"
récent de Laurent Bourguet, suite à la réunion sur un 2ème
prix de la Citoyenneté, avait débouché sur une prise de
contact avec Jacques Rémond, le président de Solidarsport et instigateur
de cet événement.
Nous avons donc été reçus lundi 1er décembre 2003,
dans son bureau à Nice-Matin. Au cours de cet entretien d'une heure et
quart, nous avons pu questionner le président et découvrir l'homme.
Il a ainsi donné des réponses aux nombreuses questions que nous
avions à lui poser et en fin de compte dissipé pas mal de malentendus.
Agir
pour des valeurs
Le point de départ de la création de Solidarsport, c'est la volonté
de Jacques Rémond de mettre ses connaissances, ses relations et son énergie
au service d'une Ethique, de valeurs qu'il défend : solidarité,
citoyenneté, respect, valeurs qui selon lui tendent à disparaître.
Le tout orienté vers les jeunes qui sont l'avenir de notre pays et ceux
chez qui il faut faire émerger le besoin d'une prise de conscience collective
des dangers de notre société et de son avenir.
Partant de cette ambition utopiste, il a élaboré un système,
qu'il construit pièce à pièce tel le puzzle qu'il met en
mouvement sous nos yeux par le biais d'une infographie. Ce système est
relativement simple : partir d'une action, la faire évoluer, intégrer
en chemin des partenaires et avancer vers plus grand, plus haut, plus large
au service de ces idéaux.
Le
Prix de la citoyenneté
Prenons l'exemple du Prix de la Citoyenneté : l'idée est de partir
de la volonté de récompenser des comportements citoyens chez les
jeunes au travers d'une manifestation festive et sportive. Cette idée
lancée en décembre 2002, va rapidement prendre de l'ampleur avec
l'accord de l'Education Nationale, du Conseil général puis d'un
grand nombre de partenaires.
Nous avons fait remarquer le coût d'une telle manifestation, en regard de nos besoins quotidiens : il oppose la formidable synergie mise en œuvre dans ce projet (350 personnes qui ont œuvré dans le même sens) et la dynamique enclenchée. Quant au coût nous apprendrons en chemin qu'il n'a été que (!) de 350 000 F (hors prestations des communes et autres prestataires, coût qui aurait dû être 4 fois plus cher si les prestations avaient été payées à leur coût). Selon lui nous avons posé des jalons qu'il conviendra d'améliorer dans le futur.
Nous avons fait remarquer le risque de récupération multiple de l'événement (et des élèves et des professeurs) sur un plan politique, financier, médiatique : il en est conscient, mais il affirme que l'organisation doit se doter de garde-fous pour réagir et que nous tous devons y veiller.
Nous avons fait remarquer la forte impression d'avoir été des faire valoir pour des manifestations de prestiges qui sont surtout médiatiques ( Euraltus) : il a acquiescé sur ce point estimant avoir été dépassé par cette autre événement (dont il espérait un développement à l'international de ses idées -du reste une conférence au CUM avec Marie-Claire Restoux, "ambassadrice de l'Elysée" a été organisée à cette occasion, lui permettant de réaliser en partie ses objectifs-).
Nous avons fait remarquer les manquements dans l'organisation suite au mélange de ces deux manifestations : il a répondu défauts de jeunesse et comité de pilotage.
Nous avons fait remarquer que nous avions des savoirs-faire et qu'il fallait s'appuyer sur nos compétences : il a répondu comité de pilotage.
Un
comité directeur et un comité de pilotage
A l'aide d'une nouvelle infographie (c'est un journaliste média n'oublions
pas), il nous a montré le schéma d'organisation du Prix de la
citoyenneté : un comité directeur composé
du Recteur, du Conseil Général, de l'armée, la police,
etc.., un comité de pilotage : les techniciens du projet
(dont il faut que nous fassions partie, SNEP et profs d'EPS) chargé de
mettre en place concrètement le projet et de veiller au respect de la
charte et des objectifs. De là les établissements, qui constituent
leurs équipes d'élèves de 4ème, des collègues
qui s'investissent.
Nous avons demandé si choisir des élèves de 4ème déjà "citoyens" était une bonne démarche pour encourager la citoyenneté : il répond nous avions fixé un "quota" de 10 % d'élèves de 4ème (si j'ai bien compris ce qui a séduit la CAF qui a soutenu le projet), mais à l'avenir rien n'empêche de moduler les quotas selon les zones pour inciter davantage d'élèves issus de zones défavorisées à s'engager.
Nous avons indiqué que le respect et la citoyenneté pouvaient aussi être recherchés dans des activités culturelles ou associatives : il répond, c'est une étape vers laquelle nous devons tendre. Permettre aux établissements de réaliser leurs projets dans ce sens. Il souhaiterait en marge du Prix de la Citoyenneté, que puisse être soutenus et aidés par la logistique de Solidarsport d'autres projets fédérateurs au sein des établissements, des ateliers de réflexion propre à élaborer ces projets.
Mais sa
vision est plus globale, plus "systémique", au delà
de la quatrième des actions peuvent avoir lieu vers les plus âgés
(comme la régate Solidarsport dans le cadre de la Trimed ou le trophée
Alpes d'Azur) avec les communes. Plus loin encore soutenir des lycéens
à monter leurs associations solidaires et en aval agir avec les écoles
déjà demandeuses.
On le voit la vision est large et l'utopie créatrice. Mais les valeurs
qui sont sollicitées par ces actions reflètent complètement
notre quotidien : respect, solidarité, citoyenneté, règles
à respecter, travailler en équipe, monter et réaliser des
projets…
Nous
pensons que l'EPS a à gagner en suivant cette impulsion. Faire reconnaître
notre action comme porteuse ou gardienne de valeurs et sources de progrès
vers la citoyenneté, ne pourra que nous conforter.
L'image de l'EPS et de son action auprès des jeunes qui sera véhiculée
par les médias, les partenaires, permettra de légitimer notre
rôle, au moment où celui-ci peut être remis en cause.
Notre rôle est donc triple au sein de ce dispositif :
Jacques Rémond a su nous convaincre de la sincérité de sa démarche personnelle et de l'engagement de son association, nous l'avons assuré de notre soutien critique et constructif.
Philippe Vallée, Laurent Bourguet. Texte relu par Jacques Rémond